J’ai longtemps cru en cet amour.
Ses mots s’infiltraient dans mon esprit comme des promesses d’un bonheur simple et doux. Ils m’enveloppaient, me faisaient croire qu’au creux de ses bras, je trouverais refuge. Chaque geste semblait empreint de tendresse, chaque regard chargé de vérité.
Mais l’amour ne détruit pas.
J’ai appris, au fil des jours, que l’amour ne conditionne pas le respect à des attentes irréalistes. Il ne se nourrit ni des blessures du passé ni des failles que l’on ose dévoiler. L’amour ne rabaisse pas, ne contrôle pas, ne transforme pas l’autre en une ombre de lui-même.
Et pourtant…
Il y avait ces colères soudaines, ces reproches murmurés ou criés, ces regards qui m’écrasaient.
Il y avait l’usage insidieux de mes traumatismes, la manipulation sournoise, les humiliations subtiles ou flagrantes.
Puis venaient les cadeaux, les excuses, les mots que j’avais toujours rêvé d’entendre. Ils brillaient comme des étoiles dans la nuit de mes doutes. Mais leur lumière n’était qu’un mirage, et moi, j’y courais, aveuglée.
C’était un cercle vicieux. Un ballet cruel entre l’espoir qui chuchotait et le désespoir qui hurlait.
Peu à peu, je me suis perdue.
J’ai commencé à douter de ma valeur, à croire que j’étais responsable de tout. Je m’excusais pour des fautes imaginaires, portais des fardeaux qui n’étaient pas les miens.
Je me suis enfermée. Dans une spirale de culpabilité. Une solitude si oppressante qu’elle avalait mes forces. Une punition que je croyais mériter, jour après jour, comme si respirer était devenu une faute.
Je me suis vue souhaiter disparaître. Ne plus respirer. Ne plus être. Juste pour échapper à ce poids qui m’écrasait.
Il m’a fallu du temps pour poser des mots sur ce que je vivais. Pour regarder la vérité en face : ce n’était pas de l’amour.
Ou peut-être que si, mais un amour qui déchire, un amour qui enferme. Un amour bâti sur des promesses impossibles et la fragilité d’une âme déjà blessée.
Il reconnaissait parfois ses torts, me tendant des excuses comme des filets pour me retenir. Mais ses aveux étaient suivis de ces mots doux, presque hypnotiques, qui m’enchaînaient à nouveau. À chaque pardon, je lui trouvais une humanité que je voulais sauver. Et c’est moi que je noyais.
Aujourd’hui, il me reste ce doute insidieux : était-il sincère, prisonnier d’un schéma qu’il ne maîtrisait pas, ou pire encore, qu’il maîtrisait ? Ce doute, plus encore que la douleur, est l’héritage le plus cruel de cette histoire.
Mais ce texte n’est pas pour lui. Ce n’est pas non plus une leçon.
C’est un cri du cœur.
Un cri pour dire que je refuse de me taire, que mes silences ont trop duré.
Un cri pour tout ce que j’ai perdu en chemin, et pour tout ce que je cherche encore à retrouver.
Un cri. Brut, imparfait, arraché au silence. Mais libre. Libre, enfin.
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